La parisien du 8 février

2014-02-09 - 19:19 | Actualité, Récréation |

Crosne : cette prof de physique brûle les planches

Enseignante au collège la semaine, Sylvie Pagnot est humoriste le week-end. Elle joue ce samedi soir dans la commune où elle travaille.

Laurent Degradi | Publié le 8 févr. 2014, 07h00

Crosne, lundi. Dans son spectacle «Récréation», Sylvie Pagnot s’inspire beaucoup de son expérience de professeur au collège Bellevue. (LP/L.D. et DR)

Homer Simpson ou Maître Yoda s’invitent parfois dans sa classe. Ses cours de physique-chimie, Sylvie Pagnot préfère les servir « show ». Normal pour cette enseignante de 39 ans, un brin décalée, qui délaisse ce soir ses tubes à essais pour la scène du Théâtre de Mars, à Crosne (Essonne). Elle y jouera à guichets fermés « Récréation », son deuxième one-woman-show pour laisser, durant 1 h 30, la comédienne prendre totalement le pas sur la prof. « J’ai hâte d’y être, sourit celle qui enseigne depuis quinze ans au collège Bellevue de Crosne. Je n’ai pas joué depuis le 7 décembre. Ça me manque. »

Le virus de la scène, Sylvie Pagnot l’a contracté un jour de juin 2008, au hasard d’un atelier de théâtre à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne). « Je jouais au basket jusqu’à ce qu’une blessure au genou m’oblige à arrêter, raconte-t-elle. Il fallait que je trouve quelque chose à faire. Je suis arrivée à cet atelier grâce à des amis. On a monté une pièce amateur et, dès la première représentation, ça a été la révélation ! » Dans la salle, le cousin de la comédienne débutante est conquis. Michel Dodane est comédien romancier, auteur de la saga « les Enfants de la Vouivre », et compte de nombreux doublages à son actif dont celui de l’agent Jack Malone de la série « FBI : portés disparus ».

« Il m’a dit : Tu as la trempe pour jouer toute seule. Il faut que tu écrives quelque chose pour toi ! Un mois plus tard, j’avais rédigé quarante pages de sketchs. J’y parlais des allergies, du RER, des kilos en trop… Tout ce qui me touchait. C’était une sorte de thérapie. » Intitulé « Phobies », le spectacle sera joué pour la première fois en octobre 2009 à Brie-Comte-Robert. Sylvie Pagnot l’exporte jusqu’à Besançon (Doubs), sa ville natale. « C’était à guichets fermés. Le bouche-à-oreille avait bien fonctionné. » Dans la foulée, elle écrit une pièce « Coloc à Terre » qu’elle joue avec une autre comédienne avant de monter « Récréation ».

« Le monde de l’éducation en est la trame mais je ne parle pas que de cela, précise-t-elle. Il y a le sketch de la salle des profs, celui de la prof de physique et de ses expériences qui ratent. Ça, je connais… Je m’inspire d’anciens élèves ou de mes ex-profs beaucoup plus que de mes collègues actuels. Bien sûr, il y a des profs dépressifs dans mon collège, mais ils le sont beaucoup moins que ceux du spectacle ! »

Au fil des représentations, la comédienne a lentement déteint sur l’enseignante. « Depuis que je fais du théâtre, mes cours ne sont plus les mêmes, avoue cette inconditionnelle de Muriel Robin. Il m’arrive d’imiter des personnages ou de mimer les électrons qui s’entrechoquent. La physique est une matière ardue et ce petit jeu aide à motiver les élèves même si je dois en gonfler certains. En tout cas, aucun ne vient à mes cours en traînant la patte. »

Un enthousiasme qui se propage jusqu’à l’intérieur de la salle des profs de Bellevue. « La grande majorité de mes collègues vient aux spectacles. Samedi, ils devraient encore être nombreux, pronostique Sylvie Pagnot. Quant à ceux qui ne viennent pas, ils doivent avoir peur de se reconnaître… »

« Ses blagues rendent les cours plus animés »

Yannis, élève de Sylvie Pagnot

L.D. | Publié le 8 févr. 2014, 07h00

Un savant dosage d’humour, de sérieux et de complicité. Dans le petit univers de la 5 e 3 du collège Bellevue, les cours de Sylvie Pagnot font l’unanimité auprès des élèves. La trentaine d’ados âgés de 12 à 14 ans voit plutôt d’un bon oeil celle qui, en plus d’assurer leurs cours de physique-chimie, est aussi leur prof principale et la coresponsable de l’option classe police scientifique.

« En début d’année, il y avait des prospectus dans la classe, raconte Chloé. Dessus, on l’a reconnue. On lui a demandé : C’est vous madame ? Elle nous a répondu que oui et qu’elle faisait des sketchs. Ça m’a étonné mais j’ai trouvé la situation très drôle. Le soir, on est allées sur Internet avec une copine pour voir des vidéos d’elle et on les a trouvées très marrantes. » Yannis, lui, n’est pas plus étonné que cela de ce mélange des genres. « C’est une très bonne prof, lance le petit brun souriant. Elle fait quelques blagues durant ses cours. Ça les rend plus animés et ça aide à s’y intéresser. »

Pas question pour autant de confondre l’heure de physique-chimie avec une deuxième récré. « Elle sait se faire respecter quand il faut, assure encore Chloé. Mais avoir une prof qui ne fait pas cours comme un robot, c’est agréable. Elle parle parfois avec des voix bizarres. C’est sympa. »

Un avis que partage Aurélie, 12 ans. « Quand j’ai appris que ma prof principale était aussi une comique, ça m’a surpris, avoue-t-elle. J’en ai parlé à mes parents. Eux non plus n’ont pas trouvé cela ordinaire. Je ne l’ai encore jamais vue sur scène mais j’aimerais beaucoup y aller un jour. »


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